Regard croisé
Premier binôme de la nouvelle série « Regard croisé » dédiée aux équipes des laboratoires hébergés à l’ENSICAEN pour valoriser les sujets de recherche, la pédagogie, la place du développement durable et de la responsabilité sociétale.
Nous vous emmenons à la découverte du travail réalisé par un doctorant et sa directrice de thèse au sein de l’équipe SAFE « Sécurité, Architecture, Forensique, biomEtrie » au laboratoire de recherche en sciences du numérique GREYC en partenariat avec Orange Innovation.
Maxence MORIN
2e année de thèse CIFRE* avec Orange Innovation
Diplômé en informatique par apprentissage – Promotion ENSICAEN 2022
* Conventions industrielles de formation par la Recherche
Théorie des graphes
Une plus-value énorme pour les services bancaires !
Dans un contexte social, les échanges entre les personnes varient en fonction de leurs liens : famille, amis, collègues, clients… La nature de ces relations peut se retrouver dans un service de télécommunication ou financier. L’analyse des données d’échanges entre utilisateurs d’un tel service peut aider à la reconstitution d’un véritable réseau socio-transactionnel riche en informations.
Le sujet de la thèse consiste à analyser les réseaux sociaux à travers la théorie des graphes, c’est-à-dire identifier des groupes d’intérêts dans un graphe socio-transactionnel. Il s’agit de déterminer les usages « normaux » afin d’alerter et de lancer des investigations en cas d’usages déviants. L’avantage de la théorie des graphes est de gagner du temps, de traiter un grand nombre de données de façon automatique.
Maxence Morin : « Mon intérêt pour les graphes date du DUT. Un enseignant, un sujet passionnant, un stage en entreprise… et me voilà en thèse ! »
DDRS et intelligence artificielle
DDRS et intelligence artificielle L’intelligence artificielle est très énergivore mais il y a toutefois une démarche qui se veut raisonnable. Chez Orange Innovation, il y a une réelle volonté de choix de langage le plus frugal possible. Trouver des intelligences artificielles ou des algorithmes qui soient moins consommateurs de données pourrait être dans les perspectives de la thèse ! Le fait d’analyser un nombre d’exemples réduit a également un impact.
Passion pour la recherche
La liberté ! Un atout inestimable
Nous disposons d’une liberté précieuse. Les analyses de recherche sont en perpétuelle évolution. La curiosité du chercheur est toujours en éveil , elle se nourrit en complément des lectures scientifiques et diverses expérimentations, des discussions scientifiques, des échanges, des rencontres au quotidien.
Transmettre ses connaissances, participer à la vulgarisation à travers la fête de la science, les portes ouvertes de l’école, les conférences sont des aspects du métier très enrichissants également.
Estelle Pawlowski : « Ce qui m’a attirée ? La liberté ! j’ai un parcours non linéaire. Après une thèse en automatique et un poste dans ce domaine à l’ENSICAEN, mes sujets de recherche ont évolué et je me suis réorientée vers l’informatique. »
Maxence Morin : « Oui, la liberté ! le fait de ne pas être cantonné à un sujet limité. Les objectifs et les grandes lignes sont fournis par Orange mais il n’y a pas de barrières hormis la contrainte temporelle et l’obligation de publier. »
L’adrénaline de la créativité
Pour le binôme, la résolution de problème est un véritable moteur. Ils s’accordent à dire : « c’est parfois abyssal, il y a énormément de choses à faire ! ».Maxence Morin : « Appréhender une bibliographie, analyser d’autres sujets, franchir des étapes, trouver une solution ou ne serait-ce qu’un bout de solution, c’est en général le cas en thèse, représente une victoire ! Un peu comme la réalisation d’un puzzle : on a les pièces, on tâtonne pour les assembler et puis à un moment, un gros morceau apparaît. »
Estelle Pawlowski : “La deadline de la publication est aussi stimulante, elle nous pousse à la fois à nous dépasser mais aussi à la « clairvoyance », ça nous oblige à mieux orienter les pièces du puzzle ! S’imposer de rédiger fait qu’à un moment donné, on est obligé de circonscrire son travail : choisir la bonne taille du puzzle, ni trop grand, ni trop petit. Et dans le contexte de la thèse CIFRE, les contraintes imposées par l’entreprise sont une vraie richesse. »
Confiance mutuelle, gage d’efficacité !
Le rôle de l’enseignant est d’amener le doctorant à devenir un bon chercheur, à le rendre autonome. Dans ce binôme, le doctorant est curieux, tenace, il a une soif d’apprendre insatiable. La directrice de thèse sait prendre du recul, synthétiser et reformuler.
Estelle Pawlowski : « Maxence est curieux, c’est un chercheur, il est fait pour cela. Il a le goût d’aller au-delà du cadre fixé. Il va parfois dans tous les sens, c’est mon rôle de le canaliser. »
Maxence Morin : « À force d’être la tête dans le guidon, il y a des moments, je perds le sens de mes recherches mais je continue parce que j’ai confiance en Estelle. Je m’appuie beaucoup sur sa capacité de synthèse et de reformulation pour m’aider à exprimer ma pensée. »
Estelle Pawlowski : « Nous apprenons ensemble, c’est une collaboration. La confiance mutuelle est un gage d’efficacité. C’est très gratifiant et ce que dit Maxence me fait énormément plaisir parce que ça correspond à ma conception de la direction de thèse. »
Chercheur : hasard ou vocation ?
Pour le binôme : “C’est en cherchant que l’on devient chercheur !”
Maxence Morin : « Je ne pensais pas être capable de faire une thèse. Dans mon entourage, il n’y a pas de chercheurs. J’ai pris conscience que je voulais faire de la recherche au gré de mes études d’ingénieur à l’ENSICAEN. «
Estelle Pawlowski : “C’est un métier accessible même si c’est vrai que l’on a très peu de modèles de référence, surtout pour nous les femmes ! Il suffit de ne pas craindre l’inconnu. Toute personne dotée d’un solide socle scientifique peut faire de la recherche ! »